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12.05.2017

Interview : Rosalie MATONDO fait le bilan de sa première année à la tête du ministère de l’économie forestière, du développement durable et de l’environnement et projette l’avenir

Mme Rosalie MATONDO, Ministre de l’Economie Forestière, du Développement Durable et de l’Environnement, a accordé une interview à la presse le 25 Avril 2017. Cette interview fait le bilan des activités menées dans son département.


Mme Rosalie MATONDO durant son entretien

Question : Le 16 Avril 2016, le Président de la République Denis Sassou NGUESSO est entré en fonction, et le gouvernement a été mis en place. Ça fait une année que ce programme se déroule, et vous êtes Ministre de l’économie forestière du développement durable et de l’environnement. En une année qu’est-ce que vous avez pu faire pour que la marche vers le développement soit visible ? 

Rosalie MATONDO : Merci une fois de plus pour l’opportunité que vous donnez à notre ministère d’échanger non seulement avec vous, mais également avec les populations.

La première action que nous avons faite, c’était d’abord de publier aux  agents et hauts cadres du ministère, le document de la marche vers le développement, le projet de société par lequel le président a été réélu.

La deuxième action importante que nous avons menée, c’est faire un état des lieux du secteur qui nous a été confié, étant donné que le ministère de l’économie forestière du développement durable et de l’environnement est un ministère à part entière, et le ministère de l’environnement est un autre ministère. Cet état des lieux nous a permis de connaître les problèmes que nous devons régler, en commençant par prendre en compte certaines dispositions dans le cadre de la marche vers le développement. Nous avons également opté pour une exploitation forestière avec une transformation plus poussée du bois. Nous avons en effet remarqué que la loi 2000 qui datait de 16 ans, stipulait que 15% seulement de grumes devraient être exportés. Malheureusement, nous nous sommes rendus compte que les dispositions de cette loi n’étaient pas respectées et il était important pour nous de répondre à cela, en arrêtant une exportation massive des grumes pour favoriser la transformation plus poussée du bois. 

Nous avons remarqué également que les cahiers de charge qu’on signait dans le cas des partenariats entre les sociétés forestières et notre gouvernement, à travers le ministère, n’étaient pas mis en œuvre. Il était donc essentiel pour nous, que ces cahiers de charge puissent  répondre aux préoccupations contenues dans le projet de société, autrement dit, promouvoir un développement local et lutter contre la pauvreté. 

S’agissant de l’environnement, les études d’impact environnemental et social n’étaient pas systématiques pour tout projet ou pour toute activité. En effet, la loi stipule que chaque projet ayant un impact négatif sur l’environnement doit faire l’objet d’une étude d’impact environnemental et social. Après cet état des lieux, nous avons organisé une table ronde de sensibilisation qui a réuni tous les acteurs évoluant dans notre ministère et dans les secteurs que nous animons. C’est le cas des parcs nationaux qui constituent les aires protégées. Nous avons invité tous ces partenaires à cette rencontre pour leur communiquer la vision actuelle de la nouvelle république à savoir l’emploi des jeunes, la diversification de l’économie nationale, la transformation plus poussée  du bois…

Nous leur avons également demandé que les cahiers de charges prennent en compte le développement local  à travers les activités génératrices de revenus dont les populations seraient bénéficiaires (le cas des scieries de développement communautaire). Nous avons pensé à une boite à outils qui intègre toutes les activités génératrices de revenus entre autres le développement communautaire, la production forestière des produits ligneux et non ligneux, et l’amélioration des habitations des populations.

Question : Madame  la Ministre, vous avez aussi dans vos charges le volet environnement. Nous savons qu’on mars dernier, le gouvernement a lancé le projet « fonds bleu ».  Pouvez nous en parler brièvement  et ce que le Congo peut en tirer comme bénéfice ?

Rosalie MATONDO : Comme vous le  savez, le Congo a un leadership dans le cadre de la gestion durable et de l’aménagement forestier. Aujourd’hui,  plus de 63% des forêts concédées à l’exploitation sont aménagées. Mais, il est aussi question de prendre en compte l’écosystème aquatique pour le gérer durablement, et pour  faire la promotion des activités économiques liées à sa gestion de cet écosystème. Le fonds bleu pour le bassin du Congo est  une idée du Chef de l’Etat qui veut, qu’à côté de la gestion durable des forêts, que nous puissions lier la gestion des eaux aux  projets intégrés qui pourraient par exemple faire la promotion de l’hydro-électricité, valoriser les eaux pour une agriculture moderne, mais aussi à travers leur navigabilité, tant au niveau national, qu’au niveau de la sous-région. Nous avons des écosystèmes magnifiques qui peuvent attirer les touristes, tout cela pour faire la promotion de l’écotourisme et faire d’autres projets comme la pisci  culture ou l’aquaculture. Tous ces projets devraient être soumis au niveau d’un fonds alimenté par la communauté internationale. Le fonds bleu concerne plusieurs pays de la sous-région, 12 pays du bassin du Congo, et le Maroc qui détient la présidence de la Cop 22, et  qui a aussi souhaité signer le mémorandum d’accord de ce fonds.

Le 9 mars dernier, selon l’instruction du chef de l’Etat, nous étions à OYO avec les dix pays du bassin du Congo venus pour signer le mémorandum d’entente et mettre en œuvre le fonds bleu pour le bassin du Congo. 

Question : Madame la Ministre, le Pronar est aussi sous la tutelle du ministère de l’économie, du développement durable et de l’environnement. Vous pouvez nous parlé du Pronar ?

Rosalie MATONDO : le Pronar est une des actions phares de notre ministère. La production du bois énergie  et du  bois de chauffe permet aux populations d’assurer leur revenu. Les forêts sont à côté des grandes villes comme Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie, et  il y a une forte demande en bois énergie. Donc, c’est une source sûre de revenus des populations. Malheureusement, cela a un impact  négatif sur les  écosystèmes forestiers naturels. N’oubliez  pas que nous avons eu au Congo le premier massif artificiel dans la zone de Pointe-Noire dans la région de  kouilou, avec 45.000 hectares de forêts plantées. Par rapport à cette expérience que le Congo avait déjà acquise depuis les années 50, le chef de l’Etat avait demandé de refaire un grand programme de reboisement et d’afforestation dans notre pays, en se référant à l’expérience acquise. C’est dans ce sens que nous avons initié ce grand programme qui atteindra 1 million d’hectares de plantations en 10 ans, pour permettre non seulement une augmentation de notre couverture forestière, mais également pour  répondre aux besoins des populations.

Le Pronar, lancé depuis 2011, avait trois catégories de partenaires. Les premiers sont les industriels qui peuvent venir pour valoriser nos savanes par l’agriculture .Mais aujourd’hui, ses savanes ne le  sont pas encore  comme nous le souhaitons. 10% de ce programme devraient être mis en œuvre par les industriels pour lesquels nous avons fait des plaidoyers à travers le monde afin qu’ils viennent investir au Congo. Mais, il y a aussi des forêts domaniales appartenant au domaine privé de  l’Etat qui constituent les 20% du programme, soit  200.000 hectares. La troisième catégorie 10% de cette réalisation, devrait permettre aux communautés locales de créer leurs propres forêts artificielles pour les besoins en produits forestiers ligneux et non ligneux. Nous avons déjà réalisé  la cartographie de toutes les terres disponibles qui constituent la réserve foncière de l’Etat en vue du  reboisement. Ainsi, Nous avons  une base de données. Puis, nous avons commencé à faire une restructuration du Service National de Reboisement (SNR) qui travaille dans tous les départements. Ainsi Nous avons des entités géographiques comme le pôle des plateaux qui part d’Ollombo jusqu’à la Léfini. Il y a le pôle de reboisement  du  Chaillu qui englobe les départements de la  Bouenza et du Niara,  Mais aussi, Il y a le pôle de reboisement du Mayombe, etc… Cette année, avec le Ministre en charge des zones économiques spéciales, nous allons lancer trois unités de reboisement dans le pôle   du  plateau. Enfin, nous avons la catégorie des petits promoteurs qui  devraient  avoir leurs plantations privées en demandant au Service National de Reboisement ou au Pronar de les accompagner.

Question : Madame la Ministre, quand  vous preniez vos fonctions l’une de vos priorités était de combattre, sinon de  résoudre le conflit Homme- éléphant. Est-ce qu’on peut dire que les éléphants, espèce intégralement protégée, ne  viendront plus  dévaster  les plantations des populations ? Que  pouvez- vous dire à la population ?  

Rosalie MATONDO : C’est un problème très difficile que nous vivons au niveau des aires protégées.

Je peux évoquer trois solutions qui ont été présentées : la première constitue à placer les barrières et des barbelés électrifiés qui pourraient  protéger les cultures des populations. C’est une solution très coûteuse et nous n’avons pas des moyens suffisants pour la mettre toujours en pratique.  La  deuxième solution est de fabriquer les briquettes de piment pour éloigner les  éléphants  de ces plantations.  Malheureusement, nous nous sommes rendu compte que l’éléphant, étant un animal très intelligent, évite souvent ses briquettes de piment. La troisième solution, c’était  de faire des tranchés pour éviter que  l’éléphant  aille vers les cultures des populations. Cette solution n’avait pas été adoptée à cause des érosions que ses tranchées pourraient causer dans les localités. Et donc, nous n’avons pas encore trouvé de solution pour éviter  le ravage des cultures. Mais nous y  réfléchissons afin que les populations bénéficient davantage de leur production. 

Question : Madame la Ministre, depuis l’indépendance vous êtes la première femme qui occupe le poste de Ministre de l’économie forestière, du développement durable et de l’environnement. Comment vous sentez-vous et quelles sont vos ambitions ? 

Rosalie MATONDO : Pour moi, c’est un grand honneur que son Excellence le Président de la République et son Premier Ministre m’ont fait en me nommant à la tête de ce  grand département. Je pense que, bien que je sois une femme, je suis aussi  un cadre du pays  et  du  domaine des forêts et de l’environnement. Ainsi, répondre au projet de société du Chef de l’Etat en vue de  diversifier  l’économie nationale est un devoir. Pour cela  il faut viser  la transformation plus poussée du bois, et aller  vers le partage de sa production  qui n’était pas prévu dans le cadre de la loi forestière. Mais, avec mes collaborateurs, nous sommes en train d’étudier la possibilité d’inclure  cet aspect dans la nouvelle loi qui va être soumise en adoption au niveau de toutes les instances de notre pays. Nous devons aussi envisager  la  création d’une bourse de bois et  inciter les entreprises forestières à  alimenter ladite bourse, afin que le bois soit présent sur le marché local et que les congolais en  bénéficient. Nous avons une grande responsabilité au niveau de la préservation de l’environnement sans hypothéquer  les ressources minières, pétrolières et forestières. Toutes ses ressources doivent être gérer d’une façon durable. 

Auteur : Helsia MAKAMONA

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