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14.06.2016

Interview : Mathieu Auger-Schwartzenberg, Directeur de programme FSC pour le Bassin du Congo : « Nous continuerons à promouvoir notre vision de ce qui est une gestion responsable des forêts ».

Dans une interview accordée à la rédaction du site web du Ministère de l’Economie Forestière, du Développement Durable et de l’Environnement, M. Mathieu Auger-Schwartzenberg, Directeur de programme FSC pour le Bassin du Congo, évoque le fonctionnement du certificat de bonnes pratiques, FSC et de la problématique de la double certification.


M. Mathieu Auger-Schwartzenberg, Directeur de programme FSC pour le Bassin du Congo

Question : Monsieur le Directeur, pouvez-vous nous dire ce que l’on entend par FSC ?

Mathieu Auger-Schwartzenberg : Le FSC est un sigle qui signifie Forest Stewarship Council en anglais, ce qui signifie en français le Conseil de Surveillance des Forêts. C’est une Organisation Non Gouvernementale, internationale dont les quartiers généraux sont basés à Bonn en Allemagne et qui a pour vision de promouvoir une gestion socialement bénéfique, économiquement viable et environnementalement appropriée des forêts du monde entier. Pour ce faire, nous avons développé, pour mettre en œuvre notre vision, des principes et critères particuliers qui permettent à l’ensemble des gestionnaires forestiers de la planète s’ils les suivent, de gérer de manière responsable les massifs forestiers.

 

Q : Comment se porte le FSC au Congo ?

MAS : Je ne peux pas répondre à cette question. Si vous souhaitez un état des lieux de superficie certifiée en République du Congo, je peux dire que la République du Congo détient 2 millions 400 mille hectares environ 2 millions et demie de forêts certifiées FSC. Ces massifs forestiers certifiés sont situés dans le Nord Congo et sont gérés par les sociétés IFO (Industrie forestière de Ouesso) filiale du groupe DANZER et CIB OLAM (Congolaise Industrielle du  Bois). Avec cette superficie, le Congo est le leader mondial des superficies de forêts naturelles tropicales certifiées FSC dans le monde.

 

Q : Votre organisation et le gouvernement congolais ont signé le 24 avril 2015 un accord de coopération. Depuis cette signature quelles sont les actions qui ont été entreprises ?

MAS : Effectivement, nous avons signé un accord de coopération avec notre ministère de tutelle, le Ministère de l’économie forestière et du développement durable (MEFDD) le 24 avril 2015. Cet accord a été signé entre son Excellence M. le Ministre, Henri DJOMBO et notre Président Kim CARSTEIN. Depuis là, nous avons établi un groupe national de travail sur les normes FSC en République du Congo ainsi que dans trois autres pays de la sous région : le Gabon, le Cameroun et la République Démocratique du Congo. Nous avons plus précisément en République du Congo commencé à développer les nouvelles normes FSC pour la certification des forêts de la République du Congo.

 

Q : Le Congo est en train de mettre en place, avec le soutien du PEFC, un standard national de certification, le PEFC Congo. Avec l’opérationnalisation de ce standard, quelle sera en ce moment-là votre coopération avec le Congo ?

MAS : Le PEFC est le schéma de certification concurrent du FSC. Nous n’avons absolument pas les mêmes modèles de gouvernance, la même histoire. Donc, notre collaboration avec la République du Congo ne souffrira en rien du choix de la République du Congo de mettre en œuvre une certification nationale. Nous continuerons à promouvoir notre vision de ce qui est une gestion responsable des forêts qui permet aux opérateurs les plus vertueux du Bassin du Congo de sécuriser leurs marchés en Europe. Il n’y aura aucune conséquence à ce processus qui est quelque chose de différent du FSC.

 

Q : Selon les informations à notre disposition, la double certification serait possible lors de la mise en œuvre du standard national de certification. Quelle est votre réaction à propos ?

MAS : Il y’a beaucoup de pays dans le monde où des opérateurs certifiés que ce soit des exploitants forestiers, des transformateurs même des menuisiers, des industriels donc 1ère , 2ème et 3ème transformation du bois sont doublement certifiés. Cela ne pose aucun problème. Il y’a aucun problème à la double certification. Il  y’a des pays d’ailleurs qui ont un schéma de certification national qui englobe les deux référentiels. On n’a aucun problème à ce qu’un industriel souhaite se faire certifier par deux fois. Je tiens simplement à souligner qu’aujourd’hui dans les régions dites à grand risque comme peuvent l’être les pays du Bassin du Congo, le référentiel FSC reste le référentiel le plus crédible aux yeux de la communauté internationale et des organisations environnementales comme le WWF, le Fonds mondial pour la nature.

 

Q : Actuellement au Congo quatre concessions forestières sont certifiées FSC avec une superficie de 2 millions et demie. Comptez – vous vous limiter à cette superficie ou au contraire comptez – vous davantage l’accroitre ?

MAS : L’objectif serait d’accroitre les superficies forestières certifiées FSC dans le Bassin du Congo. Tout simplement parce qu’il a été prouvé par un nombre important d’études menées par le SIFOR, WCS ou le CIRAD que d’une part la mise en place d’une certification FSC par un concessionnaire forestier  améliore les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles et à un impact positif sur les conditions socio-économiques des populations qui vivent des massifs forestiers. C’est une étude indépendante qui a été conduite par le SIFOR en 2014 et publié en 2015. Nous avons aussi les mêmes conclusions des études sur les grands singes qui montrent que dans certains cas, les concessions FSC abritent davantage une concentration supérieure de grands singes que certains parcs nationaux et aires protégées  dans le Bassin du Congo. Le but commun, c’est de protéger la biodiversité de ces forêts si importantes pour le patrimoine mondial et donc la certification FSC est un outil pour contribuer à la conservation de la biodiversité de ces forêts précieuses. Ce serait notre objectif d’accroitre de manière importante les superficies. Seulement, nous nous heurtons toujours ici dans le Bassin du Congo à des acteurs en présence qui ne souhaitent pas opérer de manière responsable.

 

Q : Quelles sont vos perspectives ?

MAS : Nos perspectives sont de continuer à développer des normes adaptées, les plus en phase avec les dernières publications scientifiques afin de permettre aux gestionnaires forestiers d’être en phase avec son temps et de pouvoir être crédible. Et en nous implantant ici, c’est pour renforcer notre collaboration avec  l’espace COMIFAC (Commission des Forêts d’Afrique Centrale) et proposer aux forestiers et aux gestionnaires forestiers que sont les pays de l’espace COMIFAC, puisque ce sont les Etats d’Afrique Centrale qui sont les premiers gestionnaires forestiers, une série d’outils technique et politiques qui leur permettent de gérer de manière responsable leurs forêts.

Auteur : Propos recueillis par Bienvenu LOUZOLO

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