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12.08.2015

Réunion de haut segment ministériel sur le processus REDD+ : La République du Congo présente ses ambitions de réduction des émissions dans sa stratégie nationale REDD+

La Coordination Nationale REDD a organisé, ce 6 août 2015 à Brazzaville, une rencontre dite du haut segment ministériel qui a permis aux ministres en charge des secteurs clés du processus REDD+ en République du Congo, d’échanger avec les partenaires au développement, afin de s’approprier ensemble la stratégie nationale REDD+ de ce pays, en vue de sa mise en œuvre. Celle-ci nécessite, en effet, un investissement colossal pour réduire considérablement les émissions de gaz a effet de serre issues de la forêt, à travers le financement des activités alternatives aux moteurs de la déforestation et de la dégradation forestière, qui elles-mêmes découlent des options et sous-options stratégiques bien définies.


La photo de famille après la cérémonie d'ouverture.

 

3 000 à 4 000 milliards FCFA (6 à 8 milliards USD), voilà ce que devrait coûter en 10 ans (2016-2025) la mise en œuvre de la stratégie nationale REDD+ en République du Congo, en vue d’une réduction substantielle des émissions à effet de serre issues de la déforestation et de la dégradation forestière. La République du Congo a présenté ces chiffres au cours de la réunion de haut segment qui a eu lieu ce 6 août 2015, à Brazzaville, en présence des  ministres en charge des forêts, de l’Aménagement du territoire, de la Recherche scientifique et du ministre délégué au Plan et aux Finances (les autres ministres clés comme ceux des  Affaires foncières, de l’Environnement, de l’Agriculture, des Mines, etc., s’étant fait représenter par leur directeur de cabinet), ainsi que quelques partenaires au développement, à savoir le PNUD, la FAO, l’AFD, la Banque mondiale, etc.

Il sied de noter qu’au cours des deux semaines précédant la réunion, la plupart de ces ministères, à travers leur cabinet et leurs directions générales, ont été visités et entretenus par la Coordination Nationale REDD sur les options stratégiques, ainsi que les sous-options de ladite stratégie nationale. A la fin de ces entretiens, une recommandation leur étaient faite de se constituer en panels afin de se déterminer sur les activités pertinentes, tout en indiquant leur coût réel ou estimatif, dans la perspective d’un plan d’investissement de la satrégie nationale REDD+ de la République du Congo.

Les partenaires confirment leur engagement pour le processus REDD+, en attendant celui pour la stratégie nationale REDD+
Pour les deux principaux bailleurs du processus REDD+, à savoir la Banque Mondiale et le système des Nations Unies, les choses étaient claires : réaffirmer de façon solennelle leur engagement au processus REDD+ en République du Congo, tout en rappelant les activités déjà entreprises dans ce sens, voire quelques engagements, à court, moyen et long terme.

C’est ainsi que, pour la Banque Mondiale, représentée par Julian Lee, chef de projet pour le processus REDD+ en République du Congo, il n’y a aucun doute sur l’appui de la Banque au processus REDD+ dans ce pays. « La Réduction des émissions ne doit pas freiner le développement du Congo, il s’agit de trouver des financements pour des activités alternatives pour lutter contre les moteurs de la déforestation et de la dégradation forestière », a-t-il indiqué. S’agissant de la stratégie nationale REDD+, il a souhaité que tout le monde s’en approprie en vue de garantir sa mise en œuvre.

Pour sa part, les Nations Unies confirment leur appui au processus REDD+ a travers le   Programme ONU-REDD qui vient d’être prolongé jusqu’en 2016. Pour le Coordonnateur du système des Nations Unies au Congo, son excellence Anthony OHEMENG-BOAMAH, beaucoup d’actions sont menées dans ce pays, notamment le soutien du PNUD à la stratégie nationale du développement durable et à la conservation de la zone de Tridom (Tri-national Dja-Odzala-Minkébé).

L’Agence française de développement (AFD) qui a pris bonne note de l’existence de la stratégie nationale REDD+ a refusé de se lancer dans des annonces phares. Elle a juste rappelé que l’AFD, dans le cadre du Projet d’appui à la gestion durable des forêts du Congo (PAGEF), a commencé le processus d’aménagement forestier sur près de 4 millions d’hectares, et qu’à ce jour, elle est engagée dans deux projets majeurs d’avenir : d’une part, le projet paysage forêts, sur près de 6 millions d’hectares au nord Congo, et d’autre part, l’APV-FLEGT (Accord de partenariat volontaire pour l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux des bois et produits dérivés vers l’Union européenne), qui permettra au Congo d’exporter son bois sur le marché européen.

Monsieur Henri DJOMBO, ministre de l’Economie forestière et du Développement durable, qui intervenait au nom du gouvernement congolais, a repris le crédo de son excellence Denis SASSOU - NGUESSO, président de la République du Congo, qui déclarait il y a peu, que le Congo est « le laboratoire de la gestion durable des forêts en zone tropicale humide », car le Congo a fait de l’aménagement forestier durable sa spécialité. Mais, il s’est surtout demandé quels avantages le processus REDD+ réserve-t-il aux pays forestiers tropicaux tels que le Congo ; qu’est-ce que le processus REDD+ apporte aux populations locales ? A quand la mise à disposition des financements durables pour l’adaptation aux changements climatiques ?

Une stratégie nationale REDD+ pour lutter contre la  déforestation et la dégradation forestière

 

Validée à l’échelle nationale, en décembre 2014, cette stratégie nationale REDD+ prévoit effectivement quatre options stratégiques multisectorielles en vue d’apporter des solutions alternatives aux moteurs de déforestation et de dégradation forestière, identifiées lors des ateliers de consultations qui se sont déroulés, de façon participative, dans tous les départements du pays. Cet ambitieux programme affiché par le Congo de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, conformément à ses engagements auprès de la Convention cadre des Nations Unies pour les changements climatiques (CCNUCC), se traduit par plusieurs sous options qui se déclinent, à leur tour, en des activités économiques aussi pertinentes les unes que les autres.

La première option intitulée Renforcement de la gouvernance et mise en œuvre des mécanismes de financement durable, est transversale, car elle concerne pratiquement tous les ministères clés du processus REDD+ tels que les ministères en charge des forêts, de l’environnement, de l’aménagement du territoire, de l’agriculture, des mines, des affaires foncières, des finances, de l’énergie, etc. Cette option sur la gouvernance est soutenue par quatre sous-options.
Viennent ensuite les trois autres options, à savoir la gestion et la valorisation durable des ressources forestières, avec cinq sous-options ;  l’amélioration des systèmes agricoles  qui contient également cinq sous-options suivantes  et enfin la rationalisation de la production et de l’utilisation du bois énergie avec ses quatre sous-options.

De ces options débouchent donc des sous-options qui confèrent à chacune d’elles une spécificité qui permet aux différents secteurs de se retrouver. Ainsi dans l’option 1, tous les ministères clés du processus (Forêt, Aménagement du territoire, Affaires foncières, Energie, Environnement, Agriculture, Mines, etc.) s’y retrouvent. Tandis que dans l’option 2, ce sont notamment les ministères en charge des Forêts, de l’Environnement et des Finances. L’option 3 concerne davantage les ministères de l’Agriculture et des Finances ; et enfin, l’option 4, les ministères des Forêts, de l’Energie, de la Recherche scientifique, du Plan de l’Environnement.

A la lecture de tous les éléments présentés dans cette stratégie nationale REDD+ par monsieur Georges Claver Boundzanga, Coordonnateur National REDD, plusieurs activités sont nécessaires à entreprendre dans le cadre de la lutte contre la déforestation et de la dégradation forestière. Ces activités dont l’évaluation financière doit être consolidée d’ici peu constitueront l’ossature du plan d’investissement de la stratégie nationale REDD+ pour la période 2016 à 2025.

Le ministre Henri Djombo a saisi cette opportunité pour rappeler l’engagement du Congo, à la fin des années 1980, dans la gestion durable des forêts, sans qu’à cette époque il n’ait été question de compensations financières quelconques.

Le ministre a indiqué que d’ici à la fin 2016, l’aménagement forestier ouvre la voie à la certification. Au Congo, l’impact environnemental est très faible, en ce qui concerne l’exploitation forestière, notamment pour les forêts aménagées. « Tout est fait proprement et nous sommes donc très avancés », a-t-il déclaré.

En invitant tout le monde à la réflexion sur comment financer REDD+, le ministre de l’Economie forestière et du Développement durable, a sollicité un travail de fonds de la part de la Recherche scientifique pour prendre des mesures dans le cadre de l’atténuation des émissions, sans oublier aussi des mesures d’adaptation par le biais de l’agriculture, la sécurité alimentaire et la capacité à s’approvisionner en eau potable. En un mot, la stratégie nationale REDD+ devient un document que doivent s’approprier, d’une part, le gouvernement à travers les ministères clés du processus REDD+, conformément au décret du 29 décembre 2014, promulgué en février 2015, et portant création, organisation, attribution et fonctionnement des organes de gestion du processus REDD+ en République du Congo ; et d’autre part, tous les partenaires au développement agissant au Congo.

La stratégie nationale REDD+ ouvre la voie à la mise en œuvre de REDD+ en République du Congo

 

Certes, les options stratégiques telles que définies clairement dans la stratégie nationale REDD+ ouvrent la voie aux activités alternatives destinées à lutter contre les moteurs de la déforestation et de la dégradation forestière. Mais, la République du Congo se doit aussi de mettre en place des outils stratégiques et techniques, dans le respect des  directives internationales énoncées par la CCNUCC, notamment l’ensemble des décisions sur REDD+ prises à la conférence des parties de Cancun (COP16) et de Varsovie (COP19). Ces outils sont essentiels pour prétendre obtenir des paiements qui seront basés sur des résultats clairs et précis. C’est le cas des outils tels que le Niveau de référence des émissions de forêts (NERF)/le Niveau de référence des forêts (NRF), le Scénario de référence, et le Système de surveillance des forêts ou MRV (mesurage, rapportage et vérification), les sauvegardes environnementales et sociales, le système d’information sur les sauvegardes.

Si ces deux derniers outils sont finalisés, des efforts considérables sont en train d’être fournis par la Coordination Nationale REDD pour parachever les trois autres dont les travaux sont très bien avancés.
Dans le cadre de cette phase de préparation à la REDD+ qui a commencé en janvier 2013 et qui s’achèvera en décembre prochain, plusieurs autres outils ont déjà été mis en place. C’est le cas de la stratégie et du plan de communication du processus REDD+; des organes de gestion du processus REDD+ (la Coordination Nationale REDD, les douze (12) Comités départementaux REDD+, et bientôt le Comité national REDD+) justifiés par la publication du décret portant création, organisation, attributions et fonctionnement des organes de gestion de la mise en œuvre de la REDD+, les Principes Critères Indicateurs ou PCI-REDD+ comme sauvegardes environnementales et sociales du processus REDD+ en République du Congo. Un registre des initiatives et projets pilotes REDD+, pour faire le suivi au jour le jour des investissements reçus dans le cadre des projets REDD+ et de leurs impacts sociaux et environnementaux, est en train d’être mis en place également. Sans oublier le portail web pour le suivi de la déforestation et de la dégradation.

Les politiques et mesures développées dans la mise en œuvre du mécanisme REDD+ en République du Congo feront donc l’objet de paiements internationaux dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et à titre expérimental dans le cadre d’un accord d’achat des réductions d’émissions par le Fonds Carbone de la Banque Mondiale. Ces paiements seront réinvestis de manière stratégique et transparente auprès des multiples parties prenantes, prioritairement dans des zones à fort taux de déforestation et de dégradation forestière pour assurer la durabilité des actions et des résultats, y compris les communautés locales, les populations autochtones, et l’appui au secteur privé pour l’investissement dans l’économie verte.

Les raisons d’un engagement dans un processus très prometteur
L’engagement du Congo dans le processus REDD+, comme « outil de développement durable et de pilier de l’économie verte », est sans équivoque. D’autant plus qu’il s’agit d’une contribution à la lutte contre les changements climatiques, mais aussi contribution au développement durable et à la lutte contre la pauvreté, par le biais de la promotion de l’économie verte. En 2013 déjà, le président de la République, Denis SASSOU – N’GUESSO, déclarait : « l’engagement du gouvernement en faveur de la promotion et du développement de l’économie verte n’est pas un effet de mode. Promouvoir l’économie verte, c’est asseoir un développement durable. Avec 22,5 millions d’hectares de forêts, soit 65% de son territoire et une importante biodiversité, notre pays a de réels atouts pour engager le combat de l’économie verte avec assurance ».

Aujourd’hui, l’architecture de la REDD+ en République du Congo, pays qui se trouve dans les limites du second bassin forestier mondial, dit bassin du Congo, reste fondée sur les axes stratégiques qui portent particulièrement sur la lutte contre la déforestation non planifiée ou illégale, la lutte contre la dégradation forestière non planifiée ou illégale, la gestion durable des forêts, la conservation de la biodiversité, l’accroissement des stocks de carbone à travers les programmes d’afforestation et de reboisement, qui se consolide au niveau national par le Programme National d’Afforestation et de Reboisement (ProNAR).

Avec l’implication nette des parties prenantes, notamment la société civile à travers le Cadre de concertation des organisations de la société civile et des populations autochtones (CACO-REDD), dans des actions de sensibilisation et de communication, et dans la validation des outils stratégiques et techniques, ce processus est véritablement inclusif et participatif. Le ministre Henri DJOMBO l’a encore répété au cours de la réunion du haut segment, en soulignant que « la présente réunion inaugure une complémentarité entre les parties prenantes pour réussir le mise en œuvre de la stratégie nationale REDD+ dans notre pays».

Dans le cadre d’un programme ambitieux de réduction des émissions (ER-Program) dans le nord Congo, précisément dans les départements de la Sangha et de la Likouala, à partir de 2016, la République du Congo est en train d’ouvrir un autre chantier qui pourrait lui apporter, à coût sûr, des revenus considérables en termes de crédits carbone.

Telle sera la récompense tant souhaitée des efforts que ce pays a déjà accompli depuis fort longtemps dans la gestion durable de ses forêts.


                            Hugues KOUDIMBILA,
Chef de la Cellule Information, Education
et Communication/Coordination Nationale REDD
Brazzaville, République du Congo


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