Radio France Internationale : Un an après le Sommet des trois grands bassins forestiers tropicaux, le Congo vient d’organiser il y a une dizaine de jours, une Conférence Internationale sur l’Afforestation et le Reboisement (CIAR). Quelle est sa valeur ajoutée ?
Rosalie MATONDO : Ce n’est pas un sommet de plus ni une conférence de plus, mais une conférence qui a tenue à examiner toutes les problématiques liées à l’afforestation et le reboisement pour lutter contre le changement climatique. Mais en même temps permettre aux populations de produire le bois énergie, le bois de service et également les problématiques liées à la pratique de l’agroforesterie. C’était vraiment des solutions pratiques que nous avons retenus lors de cette conférence.
RFI : Lorsqu’il y a ces grandes messes internationales, il y’a toujours des promesses souvent mirobolantes qui sont faites par la communauté internationale, mais qui sont rarement suivies d’effets. Est-ce que vous avez trouvé, cette fois ci, un levier pour que ces engagements soient respectés ?
R.M : Nous disons toujours et nous dénonçons le fait que les financements internationaux ne sont pas dirigés vers nos pays, alors que nous ne sommes pas à l’origine des effets du changement climatique, des émissions de gaz à effets de serre. Mais comme vous le savez, nos pays africains sont vulnérables aux effets du changement climatique et normalement, on devait recueillir les financements de la communauté internationale. Ce qui n’est pas le cas. Nous n’avons pas à créer la déforestation dans nos pays, il faut reconnaitre ces efforts. Pour nous, c’est un appel pressant envers la communauté internationale afin que les financements innovants puissent être une réalité sur nos territoires africains.
RFI : Le secteur forestier est le second pourvoyeur d’emplois dans le secteur privé congolais. Est-ce que, ce n’est pas au détriment de l’environnement ? Est-ce que, ce n’est pas contradictoire avec ce que vous dites ?
R.M : Pas du tout. Vous savez, le territoire congolais est occupé par les forêts à 69% dont les 15 millions d’hectares que nous avons de forêts de production, l’exploitation est faite uniquement à travers un à trois arbres à l’hectare et sur une rotation de trente ans. Deuxièmement, parmi les 600 essences forestières que nous avons aujourd’hui, seulement une vingtaine est exploitée.
RFI : Si je comprends bien. Est-ce que la surface rare totale occupée par les forêts diminue ? Est-elle maintenue ou elle a augmenté ?
R.M : Le Congo a le taux de déforestation le plus faible au monde : 0,06%. Les satellites le montrent. Cela peut être prouvé. C’est une réelle volonté politique. Nous augmentons cette superficie forestière à travers le Programme National d’Afforestation et de Reboisement (PRoNAR). Réellement, c’est pour augmenter les superficies forestières nationales.
RFI : Le Gouvernement congolais a interdit depuis janvier 2023 l’exploitation du bois en grumes. Pourquoi cette décision ?
R.M : C’était une décision des pays d’Afrique Centrale. Donc, nous voulons que désormais les technologies soient installées dans nos pays. Et que cela crée de l’emploi pour notre jeunesse.
RFI : Est-ce que cette mesure est réellement suivie ? Il y a des témoins qui assurent que des grumes continuent à être exportées.
R.M : Nous avons uniquement de conventions que nous avons signé en 2019 que nous sommes en train de finaliser et ces grumes-là certainement que les gens voient encore au niveau de notre port. Sinon, c’est suivi. L’interdiction est bien réelle. Et en 2025, ces sociétés vont finaliser ces conventions.
RFI : Quelle est la part qui continue à partir en grumes aujourd’hui ?
R.M : Elle est très faible de l’ordre de 5 à 10%.
RFI : Donc, si je comprends bien, les sociétés ont déjà installé les technologies nécessaires sur place pour travailler le bois ?
RM : L’avantage de la République du Congo, c’est que dans le code forestier 2000, toute convention signée pour une concession forestière devait contenir une unité de transformation. Aujourd’hui, le secteur bois apporte 5 à 6% dans le Produit Intérieur Brut (PIB) national. Et nous voulons à travers les politiques actuelles du nouveau code forestier que la transformation plus poussée du bois, le partage de production, une nouvelle réforme que nous mettons en œuvre, nous voulons que cette participation du secteur bois dans le PIB national augmente jusqu’à au moins 20%.
Réunis, le 25 septembre 2024, en présentiel et en visioconfé
...Le gouvernement de la République représenté par Rosalie MATO
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