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Discours & Allocutions
17.11.2014

Allocutation de Mr Ze Meka Emmanuel, Directeur exécutif de l’Organisation Internationale des Bois tropicaux à l’occasion de l’ouverture des Quatrièmes Rencontres de Racewood

Vers une stratégie de développement de l’industrie de transformation du bois dans le Bassin du Congo : Enjeux, défis et perspectives pour le Bassin du Congo


Pointe-Noire,29-30 septembre 2011

Excellence, Monsieur Henri Djombo, Ministre du Développement durable, de l’économie forestière et de l’environnement, 

Excellence Messieurs les Ministres, 

Monsieur le Préfet du département de Pointe Noire, 

Monsieur le Député Maire de la Ville de Paris 

Monsieur LamourdiaThiombiano, représentant de la FAO, 

Monsieur Ralph Ridder, Président d’IFIA, 

Excellence Monsieur Marcel Van Opstal, Ambassadeur de l’UE, 

Distingués invités, Mesdames, Messieurs, 

Je suis particulièrement heureux de prendre la parole à l’ouverture de RACEWOOD2011. RACEWOOD, au fil des ans, est devenu une initiative majeure organisée par IFIA et l’Union Européenne pour la promotion du développement industriel dans les pays du Bassin du Congo. Je suis heureux de constater l’implication croissante des autres partenaires au développement dans les activités de RACEWOOD, y compris l’OIBT, la FAO, la Société Civile et d’autres organisations sous régionales. Il ne saurait en effet en être autrement lorsqu’on se réfère à l’étendue des forêts du Bassin du Congo, aux grands enjeux dont elles sont l’objet dans les discussions internationales et au potentiel de développement qu’elles représentent pour les Etats et les communautés locales. 

Je voudrais aujourd’hui saisir l’occasion de RACEWOOD 2011, pour vous entretenir, encore une fois, du même thème de la promotion de la transformation plus poussée du bois dans les pays du Bassin du Congo, comme cela a d’ailleurs été le cas lors des précédents ateliers organisés dans certains pays du Bassin du Congo sur le même sujet. L’essence des discussions et conclusions issues de ces ateliers fait l’objet du Livre Blanc qui sera présenté au cours de cette réunion RACEWOOD. 

Sans vouloir revenir en détail sur les propos que j’ai tenus au cours des ateliers passés, il me parait toutefois utile de revenir sur certains éléments que je considère importants pour éclairer nos discussions, notamment l’importance et les enjeux de la transformation plus poussée du bois dans le Bassin du Congo, les efforts passés des pays et des partenaires au développement, ainsi que les opportunités à saisir dans le contexte actuel. 

Le Bassin du Congo est le deuxième massif de forêts tropicales du monde après celui de l’Amazonie. Par la valorisation des ressources qu’elles contiennent, notamment par l’industrialisation, les forêts 

du Bassin du Congo représentent un gisement d’opportunité de développement pour les pays concernés, en particulier les communautés rurales. 

Un secteur florissant des industries forestières peut en effet jouer un rôle clé dans le développement des pays en procurant de nombreux emplois, en particulier en milieu rural, de l’exploitation des ressources jusqu’à leur transformation et leur commerce ; en introduisant de nouvelles technologies dans le secteur ; en contribuant de manière substantielle à la réduction de la balance des paiements ; en établissant diverses infrastructures sociales de base, telles que les routes, les centres de santé, les écoles, les infrastructures d’eau et d’électricité, et d’une manière générale en relevant le niveau de vie des populations en milieu rural. Ces bénéfices sont largement multipliés si une infrastructure permettant une valorisation poussée des bois est mise en place ; suivant les statistiques de l’OIBT, un M3 de sapelli en grume coûterait autour de 235 euros, le sciage de la même essence coûterait entre 370 et 450 euros, et les prix seraient encore plus élevés si ce bois était exporté sous forme de meubles ou de composants en bois. Il en irait de même de la balance des paiements et des emplois créés. 

Une autre considération dont il faudrait tenir compte est la réduction de la disponibilité des ressources forestières. Dans ce contexte actuel, les ressources forestières font l’objet d’enjeux divers au niveau international : certains ne les voient uniquement que comme puits de carbone, d’autres comme réservoirs de biodiversité, d’autres comme source de matières premières pour la production du bois et d’autres produits forestiers. Dans ce climat de grande compétitivité, la ressource forestière devient une denrée rare qui devrait, d’une part, être utilisée de façon parcimonieuse en essayant d’en tirer la meilleure valeur, et d’autre part générer des bénéfices substantiels pour soutenir les choix sociaux. C’est ainsi que la transformation plus poussée des bois, pour être souhaitable et bénéfique, est directement liée à l’efficience et à la réduction des pertes et déchets dans l’utilisation du bois. La bonne utilisation de la matière ligneuse des forêts naturelles est encore plus critique dans les pays du bassin du Congo compte tenu de la faible importance accordée aux plantations forestières, ce qui fait des ressources naturelles un bien encore plus précieux. 

Il y a également lieu de rappeler que l’analyse des flux des bois tropicaux montre un accroissement substantiel du commerce de produits issus de la deuxième transformation du bois à haute valeur ajouté. Ceux-ci représenteraient pour le pays tropicaux plus USD 11 milliards par ans, dont l’Afrique ne tire qu’une modeste part. Il est tout à fait légitime que l’Afrique profite de ce marché en expansion. 

La dernière considération que je voudrais évoquer est qu’il est important que les industries forestières soient compétitives et fassent des bénéfices. Ce n’est que de cette façon qu’elles pourraient faire face aux différents choix sociaux. Mais ces profits devraient s’analyser sur le long terme, sur la base du concept de la gestion durable des forêts. Des activités spéculatives, en privilégiant les profits à court terme par une exploitation anarchique des forêts en vue d’alimenter le marché des grumes, sont incompatibles avec les principes de gestion durable des forêts et ont des effets pervers au plan national et sur les communautés locales. 

Pour l’OIBT, la promotion de la transformation plus poussée des bois dans le Bassin du Congo ne date pas d’aujourd’hui. Déjà en 1990, il y a plus de vingt ans déjà, l’OIBT a organisé une conférence internationale sur la « Promotion de la transformation plus poussée des bois durs tropicaux dans la 

région Africaine ». Plus de 170 experts ont participé à la conférence, y compris des représentants d’organisations internationales. La conférence avait fait un diagnostic sur les problèmes auxquels les industries forestières étaient confrontées, y compris le choix des espèces, les problèmes de transport, la carence des cadres formés à la transformation plus poussée des bois, la vétusté du matériel des industries du bois, le laxisme des administrations forestières et le manque de motivation des industriels pour investir dans la transformation plus poussée. La conférence avait également discuté du rôle des Gouvernements et de certains aspects spécifiques tels que, le développement des produits, les aspects financiers, la distribution, la formation, la recherche et l’environnement, les marchés. Sur ce dernier aspect, la conférence avait souligné l’importance des marchés régionaux, notamment ceux d’Afrique du Nord compte tenu de la taille réduite des marchés des pays du Bassin du Congo. 

En 2002, en coopération avec le Centre du Commerce International, une étude sur la transformation plus poussée des bois dans les pays tropicaux avait été lancée. Cette étude a révélé que l’Afrique ne tirait que 1% des revenus du commerce des produits issus de la transformation du bois à haute valeur ajouté, contre 83% pour l’Asie et 16% pour l’Amérique Latine. 

En 2003, une autre étude a encore été lancée sur la transformation plus poussée des bois, avec la participation des experts de la plupart des pays membres de l’OAB. Cette étude a résulté en un plan d’action pour la période2004-2013 approuvé par la Conférence de Ministres de l’OAB. Plusieurs éléments ont empêché ce Plan d’Action d’être mis en oeuvre, y compris la situation assez préoccupante de l’OAB. 

En 2009, l’OIBT a organisé une conférence internationale au Ghana sur la promotion du commerce inter-africain du bois et des produits en bois. La conférence a révélé que les pays Africains ont dépensé USD 4,4 milliards en importation de produits en bois en 2007. Seulement 10% de ces importations provenaient de continent. 

Il ne fait aucun doute que les autres partenaires au développement ont déployé des efforts similaires pour promouvoir la transformation plus poussée des bois en Afrique, y compris la FAO et dans une moindre mesure l’ONUDI. Ces efforts des partenaires au développement sont venus s’ajouter aux actions que les pays eux-mêmes ont mises en place. En effet, depuis fort longtemps déjà, la transformation locale des grumes est inscrite dans les lois et règlements forestiers des différents pays. Certains de ces pays ont même, à l’occasion, dû prendre des mesures radicales du fait que la situation n’évoluait pas, avec évidemment, pour certains, tous les désagréments provenant de telles mesures. Il en est du Cameroun en 1994 et du Gabon en 2008 avec l’interdiction d’exportation des bois en grumes. 

Sur le plan sous régional, la Commission des forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) place également une grande importance sur la valorisation des ressources forestières. Celle-ci fait en effet partie des 10 points de son plan de convergence, et je ne doute pas que la COMIFAC mettra tout son poids pour que cet objectif soit atteint. 

La vérité aujourd’hui est cependant que malgré tous ces efforts, la transformation plus poussée des bois dans les pays du Bassin du Congo tarde à décoller. Le contexte actuel pourrait cependant être porteur d’espoir. La détermination des Gouvernements, pris individuellement ou de manière collective dans le cadre de la COMIFAC n’a jamais été aussi forte. Celle-ci se traduit d’ailleurs dans 

certains cas par un appui accrût des Gouvernements, y compris financiers, aux industries soucieuses de progresser vers une transformation plus poussée des bois. La récente crise économique de 2008, qui a frappé de plein fouet le secteur forestier et en particulier les industries Africaines représentent également une bonne opportunité. Cette crise a notamment mis en évidence l’importance de la diversification des produits et l’importance des marchés locaux et régionaux. L’importance toujours croissante des produits à haute valeur ajoute dans les flux mondiaux des exportations des produits forestiers incite également à se tourner résolument vers la transformation plus poussée. C’est cette conjecture particulièrement favorable qui a motivé IFIA, la FAO, l’OIB et d’autres partenaires au développement à s’engager dans l’actuelle campagne de promotion de la transformation plus poussée des bois dans le bassin du Congo. Mais le succès de ces actions ne pourra venir que d’une conjugaison des efforts de tous les partenaires, Gouvernements, secteur privé, ONG, société civile et communautés locales qui devront engager un dialogue constructif et élaborer des stratégies soutenues par tous. De cette manière, il y aurait espoir que la transformation plus poussée des bois dans le bassin du Congo décolle effectivement et puisse s’accélérer. 

Je vous remercie beaucoup pour votre aimable attention.


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